transcription en français
Le Sackville, navire canadien de Sa Majesté, est la dernière corvette de classe Flower
restante au monde. Construite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle faisait partie
des 269 corvettes de cette classe et a joué un rôle crucial dans la bataille décisive de
l’Atlantique contre les sous-marins allemands. Dans ce processus, le Sackville et ses
navires compagnons ont jeté les bases de la marine canadienne moderne. Aujourd’hui,
le Sackville est préservé en tant que lieu historique et Mémorial maritime national du
Canada.
Il se trouve que le Sackville a été construit au Nouveau-Brunswick et porte le nom d’une
ville néo-brunswickoise. Le Sackville est un véritable joyau : il s’agit du contrat numéro 2
parmi plus de 120 corvettes construites au Canada entre 1940 et 1945. Seules trois
corvettes de cette classe ont été construites à l’Est du Québec – toutes portant le nom
de villes frontalières du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse : Amherst,
Moncton et Sackville. Ces trois navires ont été construits à Saint John, avant que les
ports de la côte Est ne soient submergés par les travaux de réparation.
Le maire Norman Hesler et l’ensemble du conseil municipal étaient présents le 15 mai
1941, sous une pluie battante, pour voir le Sackville prendre l’eau. Il a fallu plusieurs
mois au chantier naval occupé pour terminer le navire, et il n’a été mis en service que le
30 décembre. La ville de Sackville a envoyé des colis de réconfort au navire tout au long
de la guerre.
Le Sackville a eu une carrière marquée par des combats contre les sous-marins
allemands. En 1942, il a rejoint la Newfoundland Escort Force pour aider les convois à
traverser le Nord de l’Atlantique. Cette année-là, ses expériences ont été immortalisées
par son capitaine, Alan Easton, dans ses mémoires intitulées 50th North. Easton l’a
surnommé « La Reine », et sous son commandement, le Sackville a participé à de
nombreuses batailles de convois. En juillet 1942, il a affronté trois sous-marins en une
nuit d’action furieuse : l’un a été éperonné, un autre frappé par un obus du canon
principal du Sackville, et le troisième s’est éclipsé dans le brouillard. Pendant un certain
temps, on a cru que le Sackville avait coulé deux d’entre eux, mais tous sont retournés
en France.
En 1943, le Sackville rejoignit le premier groupe de chasse anti-sous-marins du Canada,
l’EG 9, et partit à la recherche de sous-marins au large du nord de l’Espagne à la fin de
l’été. Son groupe fut attaqué par des missiles guidés par radio largués par des avions
allemands, et fut éventuellement lourdement frappé par des torpilles acoustiques. Le
HMCS St Croix et le navire amiral d’EG 9, le HMS Itchen, furent tous deux coulés par ces
nouvelles torpilles. Le Sackville échappa de peu à ces deux nouvelles armes, et au final
s’en tira indemne. L’EG 9 fut dissous après ces pertes.
Le Sackville se rendit à Galveston, au Texas, à l’hiver 1943 pour une révision majeure, et
en ressortit avec une coque allongée, de nouveaux systèmes électriques, un pont
modernisé, ainsi que de nouvelles armes et capteurs puissants. Cette révision
approfondie permit finalement de sauver le Sackville de la ferraille lorsqu’une de ses
chaudières se fissura et qu’il dut être retiré des opérations. Après une brève période en
tant que navire d’entraînement, le Sackville fut converti en « poseur de câbles », un
navire conçu pour poser ou récupérer des câbles installés sur le fond marin afin de
détecter les navires. La suppression de sa chaudière avant défectueuse créa l’espace
nécessaire pour entreposer les câbles.
Alors que toutes les autres corvettes furent mises hors service, le Sackville continua à
servir après la guerre en tant que navire auxiliaire. Sa coque devint un terrain d’essai
pour le nouveau système de « protection cathodique », utilisant des électrodes pour
réduire considérablement la rouille dans la coque, ce qui lui donna une durée de vie
prolongée. Converti en navire de recherche océanographique, d’abord pour des études
acoustiques, puis pour l’étude de la vie marine, le Sackville continua à naviguer jusqu’à
la fin des années 1970. À ce moment-là, des efforts étaient en cours pour trouver et
préserver une corvette : le Sackville était le dernier survivant.
Lors d’une cérémonie spéciale le 14 mai 1985, le Sackville restauré fut de nouveau mis
en service comme navire de Sa Majesté et désigné Mémorial maritime national du
Canada.